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Un point sur l'activité aux volcans Nyamulagira, Merapi et Ol Doynio Lengai

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Titre : Un point sur l'activité aux volcans Nyamulagira, Merapi et Ol Doynio Lengai
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Un point sur l'activité aux volcans Nyamulagira, Merapi et Ol Doynio Lengai

Nyamulagira, République Démocratique du Congo, 3058 m

Depuis le post précédent, en février, les images ont a nouveau été masquées par des nuages , ne laissant que peu de chance de se faire une idée concrète de l'état du débordement. Toutefois, on pouvait être sûr qu'il se poursuivait, grâce à:
- la présence, malgré les nuages, de zones à haute température au niveau de la vasque qui était remplie par les coulées
- le fait de pouvoir visualiser ce remplissage grâce aux images radar de SENTINEL 1, dont la résolution (et l'interprétation qui en découle), par contre, n'est pas aussi bonne que des images basées sur des longueurs d'onde plus courtes*.

Le remplissage de la "vasque" (ancien Pit Crater?) entre janvier et mars 2020. Images: SENTINEL 1 - ESA/Copernicus
On peux noter que le Pit Crater où a lieu l'éruption a lui-aussi continué de se remplir.

Cette activité est restée modeste et la question de savoir si elle se poursuit ou nom se pose évidemment.
Côtés indices, le MIROVA note un baisse significative de l'intensité du rayonnement thermique mesuré depuis fin février, mais à contrario une image satellite faite le 13 mars par SENTINEL 2 permet de constater que l'activité se poursuivait à ce moment-là. Une apparente contradiction qui permet de supposer que la baisse de l'intensité du rayonnement thermique était dû en particulier à la présence persistante de nuages.

Le 13 mars l'effusion était encore en cours, le rayonnement thermique était assez fort pour passer à travgers une couche de nuages. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Toutefois cela n'empêche pas que l'activité semble s'être un peu calmée. Car sur l'image prise le 23 mars et qui, pour le coup, est bien dégagée, on peut voir que le rayonnement thermique du nouveau champ de lave (celui qui relie le Pit Crater au remplissage de la "vasque") est bien affaiblit. On a plutôt l’impression d'avoir à faire à une masse de roche statique en cours de refroidissement. Le fait que l'image soit dégagée permet par contre de constater que la vasque a pu être totalement remplie, puisqu'il y a un débordement de sa rive nord-ouest. Le Pit Crater où a lieu l'éruption est, quand à lui, plein à ras bord aussi.



Donc pour le moment la situation n'est pas parfaitement claire, mais il semble que l'activité soit moins dynamique que jusqu'à mi-mars.
Affaire à suivre.


* Je parle ici des longueur d'onde visibles et infrarouge qui sont dans les nanomètres-micromètres voir jusqu'au mm, alors que les ondes radar ont des longueurs d'onde en centimètres, dizaines de centimètres.

Sources : SENTINEL 1 et 2 ESA/Copernicus

Merapi, Indonésie, 2968 m

Nouvelle phase explosive relativement forte (pas énorme non plus) aujourd'hui, et j'ai l'impression de me répéter mais ça fait à peine plus de 3 semaines que la précédente avait eu lieu (03 mars dernier, pour mémoire).  Elle s'est produite juste avant 11h00 (heure locale) et avant d'entrer dans le détail, il est important de noter qu'elle n'a été précédée d'aucune sismicité particulière.

Évolution de la sismicité depuis décembre 2019. Image : MAGMA/VSI

Pour en revenir sur cette phase explosive, qui a été suivie de chutes de cendres et lapillis dans les secteurs habités proches, ont la revivre grâce au timelapse produit par volcanYT


Bon, maintenant, quand on regarde dans le détail, il y a quelques chose d'intéressant : l'activité explosive n'a pas eu lieu sur 1 mais 2 évents distincts. L'évent principal de cette phase se trouve sur la droite de l'image (grosso modo à l'ouest du dôme), c'est à son niveau que démarre l'activité explosive, et elle va s'y poursuivre tout du long.
Mais lorsqu'on regarde plus attentivement, on peut noter qu'à la 17ème seconde de la vidéo émerge une volute blanche à gauche de l'évent actif (plutôt à l'est ou au nord-est du dôme) et, à la 22ème secondes, c'est une panache de cendres qui démarre à cet endroit, bien distinct du premier évent. Un évent plutôt à l'ouest et l'autre plutôt à l'est : ça n'est pas sans rappeler l'explosion du 3 mars, qui, elle aussi, avait eu lieu de part et d'autre du dôme.

Localisation de l'évent où démarre l'activité explosive. Image: VolcabnoYT

L'activité démarre sur un second évent, plus à l'est ou nord-est. Image: Volcano YT


J'ai un doute sur la suite des événements, mais j'ai l'impression (notez bien que ce n'est qu'une impression) que des émissions de cendres se produisent ensuite entre l'évent 2 et l'évent 1, le tout semble plutôt aligné. Une fracture se serait-elle ouverte sous la pression?
Il faudra surveiller ça par la suite, tout comme le fait de savoir si, oui ou non, le dôme est affecté par cette activité. Sur les images radar SENTINEL1, ce n'est pas clair en tout cas.
Le reste de la journée a été calme mais le début de nuit a été visiblement été parquée par une seconde phase explosive, bien moins intense, à 21h46 heure locale d'après le BPPTKG - PVMBG, organisme en charge de la surveillance de l'activité volcanique notamment.

Seconde activité explosive du 27 mars, le soir peu avant 22h00 (heure locale). Image : BPPTKG - PVMBG

La cause de ces phases explosive n'est pas encore élucidée :soit de lentes mises en pression par des phénomènes superficiels, soit une mise en pression suite à la mise en place d'une poche de magma (ne pas oublier qu'il ya eu un pic de sismicité en février).

Là encore, la situation est à surveiller de près.

Sources : BPPTKG - PVMBG ; Volcano YT; MAGMA /VSI

Ol Doynio Lengai, Tanzanie, 2962 m

Que dire sur la situation là-bas, si ce n'est à peu près la même chose quand le post précédent (qui date de février 2019 tout de même...ça commence à dater).

Bon, l'activité se poursuit et elle reste intermittente à priori.
Du moins: peut-être qu'elle est continue mais se manifeste la plupart du temps par un clapotement de carbonatite en fusion au fond des hornitos (auquel cas c'est une activité non directement visible et/ou détectable) et, parfois, augmente ce qui se parque par des débordement, comme celui du mois d'août 2019 par exemple, et d'autres qui ont suivi.

L'accumulation de carbonatite se poursuit donc et, du coup, le niveau du plancher cratèrique continue d'augmenter et de se rapprocher tranquillement de la lèvre du cratère.

Alors, on n'est pas encore au débordement, mais quand on regarde les images radar de SENTINEL 1, on peut constater que le plancher commence à être détecté par le faisceau radar, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.
En effet le faisceau radar est émis de manière oblique et est renvoyé après avoir frappé le sol. Mais lorsqu'il y a un trou, comme le cratère du cône sommital, le faisceau n'atteint pas fond, qui reste noir.
Maintenant un signal est renvoyé par une partie du plancher : il est assez haut pour être frappé par le faisceau.

Alors par contre, sur le time-lapse ci-dessous, accrochez-vous bien pour le repérer! Regarder le bord droit du cratère : vous allez-voir progressivement apparaitre une petite tâche jaune, qui disparait lorsque le gif reboucle (c'est à ce moment-là qu'on repère le plancher, d'ailleurs.



Difficile par contre d'estimer son niveau. Dans les bulletins du GVP on peut lire qu'en juin 2009 la profondeur du cratère (il était encore tout neuf, 2 ans à peine à ce moment-là et peu de carbonatite au fond) était estimée à 80m, ce qui doit être la hauteur de la partie verticale de la paroi. La hauteur la plus grande, entre la lèvre du cratère et le fond était estimé dans un autre bulletin, à 120 m.

Les données SENTINEL 1 suggèrent donc que le remplissage n'est pas anecdotique. Mais reste-t-il 40, 50, 60 m de hauteur avant de pouvoir à nouveau descendre sur ce plancher carbonatitique?

Comme toujours, la patience sera la seule réponse...

Source : SENTINEL 1-ESA/Copernicus




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