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Us et coutume (anda na mila) : Le vice-président Djaffar fustige les dépenses ostentatoires

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Us et coutume (anda na mila) : Le vice-président Djaffar fustige les dépenses ostentatoires

Lui-même « homme accompli », il ne s’oppose pas au grand-mariage en soi bien qu’il se garde de le défendre. Ce à quoi il s’appose, farouchement, ce sont les dépenses excessives réalisées lors de ces manifestations coutumières qui minent notre économie.

On manquait terriblement d’un tribun de la plèbe aussi influent dans le pouvoir central depuis l’assassinat d’Ali Soilihi Mtsachiwa en mai 1978. 39 ans après, 39 ans de régression socio-économique, un vice-président de la république veut marcher sur les sentiers du Mongozi, à ses propres risques et périls. Qu’un vice-président essaie de reformer, il a de fortes chances de réussir. Surtout quant le combat ne demande pas une quelconque somme d’argent, mais que de la volonté et la vaillance.

Djaffar Ahmed Said s’oppose au fait que _ nous reprenons ici un passage de Kosa, le roman de Dini Nassur_ le peuple soit entrainé à puiser ses valeurs dans les dépenses ostentatoires, dans la stupidité de manger en un jour ce qu’on pourrait consommer en une année pendant que d’autres nations se distinguent dans des grands chantiers de développement.

On est dans la cérémonie d’inauguration d’une station de pompage à Mdé, samedi 25 mars. Le vice-président en charge de l’énergie et de l’économie entre autres en a profité, devant un arsenal de « notables » pour faire passer son message sur les us et coutumes qui caractérisent la raison de vivre des comoriens. « Je l’ai dit et redit et personne ne m’écoute sur la question des us et coutumes. Personne ne m’aide. Ca, ça a été [acceptable] au moment où on avait des moyens. Ici on dépense follement le riz, l’argent, l’eau... Mais pourquoi ? », se demande le vice-président dans un ton alarmiste. « Pourquoi alors que des pays comme l’Angleterre ou la France préservent tous ces biens que nous dépensons inutilement et ostentatoirement ? »

Le président par intérim aura parlé des multiples crises qui secouent le monde avant d’appeler à dépenser avec parcimonie. « Quelqu’un qui dépense 15 millions de nos francs pour de l’or, croyez-vous qu’il est dans la bonne voie ? S’il vous plait ! dépensons raisonnablement. Aujourd’hui c’est l’eau qui préoccupe le monde. C’est l’emploi qui préoccupe le monde. Veuillons regarder vers les grands chantiers pour l’intérêt général. Pour le développement du pays », lance-t-il.

Ça, c’était à Mde lors de l’inauguration d’une station à pompage. Deux jours plus tard, soit lundi dernier, il fera le même prêche ou presque devant des opérateurs économiques à l’hôtel le Retaj lors de cette cérémonie de remise des prix du « Comores Business Award ». Un prix soit dit en passant, visant à récompenser et promouvoir les entreprises et entrepreneurs ayant marqué l’environnement économique comorien. 

Dans le roman Kosa (littéralement « la faute ») de Dini Nassur, il est dit que le grand-mariage « doit être supprimé pour laisser émerger d’autres valeurs beaucoup plus responsables que cette bêtise conçue pour servir une certaine classe. Les notables et les charlatans s’enrichissent pour de bon lors des grandes fêtes de mariage. Ce qui devrait être une simple bénédiction devient une arnaque au profit des oisifs comme les sorciers et les diseurs de tout genre. Les commerçants grossistes augmentent les prix des denrées alimentaires et les vendent à crédit exorbitant… ».
Et si aujourd’hui un vice-président se lance volontiers dans ce combat, ne faudrait-t-il pas que ce ceux qui aspirent au changement et qui attendaient depuis des lustres une initiative pareille, se mettent derrière lui pour, enfin, faire « émerger d’autres valeurs beaucoup plus responsables que cette bêtise conçue pour servir une certaine classe » ?

Toufé Maecha


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